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Sur les doigts, dans le cahier, sur un buvard ou sur son bureau, qui n’a jamais été victime d’une tâche d’encre ? Ce liquide noir ou coloré trace et imprime les idées humaines depuis la naissance de l’écriture il y a plusieurs millénaires.

Encre ou peinture ?

L’encre est une couleur sous forme liquide, un mélange de pigments, de liants et d’additifs, mais la peinture également… La différence réside dans l’usage qui est fait de chaque matière. Dans notre culture occidentale, la peinture est destinée à couvrir une surface alors que l’encre est associée à l’écriture, au dessin, à l’imprimerie. Une distinction qui s’efface cependant en Orient et en Asie où l’encre appartient au domaine de l’art (lavis, calligraphie, etc.).

L’encre de Chine, la star !

La fameuse encre de Chine viendrait en réalité d’Inde – elle est appelée « India ink » chez les anglophones. Les premiers objets connus peints à l’encre de Chine dateraient de 4 000 à 5 000 ans avant J.-C. Laque, pierre noire, noir de charbon de sapin… les recettes de cette encre solide évoluent jusqu’à la dynastie Tang (VIIe-Xe siècles) qui pérennise le bâton ou la boule d’encre. Pour écrire ou peindre, il faut frotter l’objet sur une pierre et associer l’eau au noir de fumée. Aujourd’hui, le terme encre de Chine désigne une plus grande variété d’encres se distinguant par la profondeur de leur noir original et la palette qui nait de sa dilution.

Un art millénaire

De nombreuses cultures anciennes ont développé des encres grâce à des ingrédients végétaux, minéraux, animaux. Même si ils ne sont pas considérés comme des encres, les noirs et ocres des peintures rupestres posent les bases de l’encre. Dans l’Égypte ancienne, les scribes écrivent aussi à l’encre sur leurs papyrus. En 300 de notre ère, les mayas créent une encre qui fusionne l’indigo d’une plante à un argile pour leurs codex religieux. Du XIIe au XIXe siècles, l’encre métallo-gallique est la plus fréquente en Europe. Sa composition très corrosive, dont le sulfate de fer, est problématique pour la conservation des documents. L’utilisation de plumes d’acier marque la fin de cette usage, les plumes étant rongées par l’encre. De nos jours, les encres d’écriture sont basées sur des colorants chimiques dissouts dans l’eau ou l’alcool (pour les feutres notamment).

L’encre d’impression

Dans les années 1440, Gutenberg a besoin d’une encre plus épaisse pour ne pas suinter entre les caractères mobiles de son imprimerie. Il remplace ainsi l’eau par de l’huile. Dans les années 1960, avec le déploiement de la technologie jet d’encre, les encres sont de nouveau aqueuses. La génération de chaleur ajuste la viscosité de l’encre. Quant à l’impression laser, elle utilise un toner, c’est-à-dire une encre en poudre qui se fixe au support par énergie électrostatique selon un modèle marqué par le laser.

La date 2007

Si l’encre sympathique ou invisible se révèle à la chaleur, l’encre thermosensible disparait sous l’effet de la température due aux frottements de la gomme sur le papier (60°), et réapparait à -10°C. Pilot Pen France lance le stylo FriXion, basé sur cette technique, en 2007.

Article initialement paru dans Le Papetier de France n°836 - Septembre 2019.