Objectif : fixer la « trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre de l’industrie papetière française entre 2015 et 2030, ainsi que les moyens qui doivent être mis en oeuvre par les entreprises et les pouvoirs publics afin que cette trajectoire se matérialise. » Cette initiative répond à l’obligation de l’article 301 de la loi n°2021-1104 pour la lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets. Ce texte indique qu’une « feuille de route doit être établie par chaque secteur fortement émetteur de gaz à effet de serre conjointement par les représentants des filières économiques, le Gouvernement et les représentants des collectivités territoriales pour les secteurs dans lesquels ils exercent une compétence ». Cette feuille de route a donc été présentée le 9 mars 2022 par les ministères de la Transition écologique et de l’Industrie, le Comité stratégique de la filière chimie-matériaux et Copacel (Union française des industries des cartons, papiers et celluloses).
-39% entre 2015 et 2030
Le document établit à -39% la réduction d’émissions d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 2015), soit -0,91 million de tonnes équivalent CO2. Pour information, en 2019, l’industrie a émis 2 millions de tonnes équivalent CO2, représentant 2,3% des émissions liées à l’activité industrielle en France. Ces émissions sont quasiment toutes de nature énergétique pour le séchage des papiers et cartons. La feuille de route rappelle également que depuis 2005, le secteur a déjà réduit de 54% ses émissions de gaz à effets de serre.
Décarboner la chaleur
Dans les années à venir, la filière retient l’hypothèse « d’une croissance de la production de papiers et cartons de 1,8 % par an en France entre 2020 et 2030 pour passer de 6,9 millions en 2020 à 8,2 millions de tonnes en 2030 (hors pâte marchande) ». Les principaux déterminants de cette évolution seront une baisse de la production de papiers graphiques de 19 %, une augmentation de la production de papiers d’emballage et de conditionnement de 29 % (soutenue par de nouvelles législations en faveur des matériaux biosourcés, renouvelables et recyclables), une augmentation de la production de papiers d’hygiène de 18 %, et une augmentation de la production des papiers spéciaux de 35 %. Dans ce cadre, les leviers pour que l’industrie papetière française (ensemble des sites produisant papiers, cartons et pâte marchande, hors transformation) atteigne les -39% d’émissions carbonées sont l’amélioration de l’efficacité énergétique et la production de chaleur décarbonée, notamment en installant des chaudières biomasse ou à combustibles solides de récupération, et en valorisant le biogaz en autoconsommation. Les investissements nécessaires sont estimés à 800 millions d’euros. « Cette trajectoire de réduction des émissions suppose que des politiques publiques soient menées par l’État pour favoriser la décarbonation des procédés, et que la compétitivité de l’industrie papetière se maintienne, sachant que l’industrie papetière est fortement exposée aux risques de délocalisation (plus de 60 % du papier-carton consommé en France est déjà importé) dans des pays possédant une empreinte carbone plus élevée. Une étude menée avec le cabinet Deloitte a permis de démontrer que la dégradation de la compétitivité observée par le passé sur l’industrie papetière s’est traduite par un recul de la production nationale et une hausse de l’empreinte carbone de la France sur la période 1995-2015 », explique le document. Le soutien à la décarbonation de l’industrie papetière est d’ailleurs un des axes du livre blanc Propositions de l’industrie papetière – Élections 2022 de la Copacel (consultable ici).
L’intégralité de la feuille de route est disponible ici.