picture.png Pyc Media – Le Papetier de France
Injustement banalisé par ses utilisateurs, le ruban adhésif est pourtant une innovation qui a, dès sa création, répondu aux problèmes très concrets de nombreux secteurs professionnels.

Coup de projecteur sur cet incontournable de la papeterie.

Un peu d’histoire…

Si les matières collantes existent depuis l’Antiquité, les rubans adhésifs tels que nous les connaissons apparaissent à la fin du XIXe siècle. En 1860, Jonathan Edwards Chatterton dépose un brevet pour son ruban adhésif isolant pour les travaux électriques et sous-marins. Une quarantaine d’années plus tard, c’est un pharmacologue allemand, Oscar Troplowitz, qui invente le sparadrap (il créera aussi les marques Nivea et Labello) pour un usage médical à grande échelle. Dans les années 1920, la marque Scotch apparait chez 3M : l’ingénieur américain Richard Drew conçoit un ruban adhésif qui peut être retiré sans abîmer la surface sur laquelle il est collé, alors à destination des peintres en carrosserie. En 1932, 3M développe le premier dévidoir à Scotch de bureau. Avec ses 3 kg, il est peu pratique. La firme propose donc un distributeur plus léger, en métal embouti, dès 1939.

Comment ça marche ?

Les rubans adhésifs communément vendus en papeterie appartiennent à la famille des adhésifs sensibles à la pression. Quèsaco ? Comme l’explique le spécialiste Tesa, « les adhésifs sensibles à la pression disposent d’une formule spéciale : ils combinent viscosité (le fait d’avoir une consistance épaisse, collante et semi-fluide, comme le miel) et élasticité (comme le caoutchouc). Ils adhèrent facilement sur une surface (adhérence) et sont aussi solides que stables (cohésion) ». L’adhésion est issue d’une réaction physique (la substance collante se solidifie dès qu’une pression est appliquée sur le ruban) et non d’une réaction chimique comme la plupart des colles.

Le Mot: Stick-slip Le terme anglo-saxon stick-slip désigne le phénomène physique de glissé-collé qui a lieu lorsque l’utilisateur retire un ruban adhésif d’une surface. La bande ne se décolle pas en continu mais par saccades. Ces secousses provoquent des oscillations dans la matière, engendrant le son caractéristique que nous connaissons tous.

En dehors du bureau

Dans la papeterie, les rubans adhésifs évoquent un rouleau blanc ou transparent, le plus souvent disposé dans un dévidoir pour faciliter sa découpe. Mais le monde des adhésifs est bien plus vaste avec une multitude d’usages qui nécessitent des propriétés particulières : mécanique, industrie, médecine, logistique, décoration, etc. D’une part le ruban peut être en plastique, tissus, papier, mousse, métal, etc. afin de répondre à différentes contraintes. D’autre part la matière collante doit s’adapter aux supports de destination en tenant compte du caractère permanent ou repositionnable du film. Silicone, acrylique, caoutchouc ou autre polymère, à chaque usage sa formulation !

Un nom devenu culte

Trop nombreux sont ceux qui utilisent le mot « Scotch » pour évoquer le ruban adhésif, sans savoir qu’il s’agit en réalité d’une marque déposée… chez 3M. De même que les termes « Post-It » pour les notes repositionnables ou « Stabilo » pour les surligneurs, les bandes adhésives sont appelées Scotch par antonomase.  Pour les marques concurrentes, les bons usages sont les énoncés génériques : ruban adhésif, bande adhésive, film adhésif, etc. Article initialement paru dans Le Papetier de France n°847, Mai-Juin 2021.